MUSOGYNIE x B.R.A.V.E.


Résidences de création & Exposition
SAME Festival 2023
13/02 — 15/04


Vernissage de l’exposition MUSOGYNIE x B.R.A.V.E., 16/03/2023

Dans le cadre de la programmation du SAME festival 2023, B.R.A.V.E. a organisé dans ses locaux et son atelier des résidences de création autour de MUSOGYNIE (musée de la misogynie) avec quatre artistes : Zaëll de Coster, Marine Forestier, Judith Scée et Margot Mourrier Sanyas.

Impulsé par Mélina Ghorafi, artiste et membre permanente de la collective B.R.A.V.E., MUSOGYNIE est un musée de la misogynie qui prend la forme d’une collection d’objets, livres, cartes postales, chansons, etc., rendant compte des formes et esthétiques que cette violence systémique a engendrées. Ayant au fils des années adopté plusieurs formats (performances, balade virtuelle, workshop, installation…), MUSOGYNIE a souhaité, à travers l’organisation de ces résidences, entamer une réflexion sur les possibles réappropriations et détournements de ces images par des artistes concernéxes par les politiques des corps et des identités, en particulier par la misogynie.

B.R.A.V.E. a ainsi accueilli du 13/02 au 15/03 les artistes Zaëll de Coster, Marine Forestier, Judith Scée et Margot Mourrier Sanyas, dont les oeuvres produites pendant ce mois de réflexion ont été présentées pendant une exposition de restitution du 16/03 at 15/04.

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Zaëll de Coster
La Pêche aux Connards
Installation

“La Pêche aux Connards est une installation que m’a inspiré l’un des objets de la collection MUSOGYNIE. En découvrant le musée d’objets misogynes, j’ai directement été interpelé·e par le calendrier Carponizer de 2018 : un calendrier qui met en scène des femmes (cis, blanches, minces…) avec des carpes hors de l’eau entrain de suffoquer. Un condensé de mauvais goût, de sexisme et de spécisme qui m’a énormément inspiré·e.
Avec La Pêche au Connards, je transforme le rapport proie/prédateur. Les prédateurs (prédateurs sexuels ou chasseurs) deviennent les proies. J’ai choisi la figure de l’Action Man pour le machisme qu’il incarne. Leur tête est posée sur un corps de canard, au bout d’un fil de pèche, et c’est une grande satisfaction pour moi de mettre à mal cette figure patriarcale.
Le titre de La Pêche au Connards a été trouvé par la boutique Lundi Di dans le centre de Bruxelles.”


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Marine Forestier
La Croûle des bécasses
Texte, son, vidéo

La bécasse est un oiseau complétement muet pendant dix ou onze mois de l’année et à qui l’amour seul a puissance de délier la langue. Elle commence à parler vers la fin de février pour rentrer dans son mutisme obstiné avant la mi-avril. Son langage se compose d’une seule phrase, d’un cri d’appel amoureux en trois notes d’un timbre métallique et sonore : pitt-pitt-corrr. La note terminale a fait inventer le verbe croûler pour exprimer l’idiome de la bécasse et le substantif croûle pour désigner un genre de chasse spécial à cet oiseau.
Alphonse Toussenel, L’esprit des bêtes — Le monde des oiseaux : ornithologie passionnelle, 1853

La Croûle des bécasses est une chanson, longue geste répétitive ou hymne guerrier, qui cite comme autant d’entrées les noms des figures, fictionnelles ou historiques, présentes dans la collection MUSOGYNIE et ce faisant leur octroie un regain de pouvoir verveux. Ces dernières réclament vengeance : elles s’exhument de leurs tombes pour réecrire l’histoire à travers une jouissive et misandre comptine. Sa version sonore est chantée par Marine Forestier et composée par Guillaume Seyller.
Le chant emprunte sa forme aux chants populaires traditionnels présents dans la collection ; la mélodie du refrain est reprise de La Jeune Fille au cresson. Sur une tablette, défilent les scans 3D de quelques objets phares de la collection tel un écran de veille (tête de porcelaine sans bouche, médaillon représentant le cul de la Fanny, oeil de Ste Lucie, chevalière Sheela-na-gig). On écoute la chanson au casque, en même temps que l’on peut consulter les paroles sur une liseuse. Les illustrations qui accompagnent celles-ci sont elles-mêmes directement issues de la collection.”


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Judith Scée
Le règne des Néréides
Série de photomontages

“Les Néréides sont des nymphes marines.
Les Néréides sont aussi des vers marins vivant enfouis dans le sable, errants et carnassiers.
Néréide est également un satellite naturel de Neptune. Son orbite est la deuxième plus excentrique des planètes et des satellites naturels de tout le système solaire.

MUTATION ILes Moules
MUTATION IISirène d’eau douce
MUTATION III L’Armada sans jambes

Inspirée par les calendriers érotiques de pêcheurs de carpes, les mystères de la vie sous-marine et les créatures aquatiques qui peuplent la mythologie greco-romaine et les peintures flamandes, Le règne des Néréides est le début d’une collaboration avec les chimères malhabiles et les monstres sympathiques qui peuplent nos cours d’eaux et nos océans. Pour ce premier triptyque, l’artiste est partie en chasse à travers la jungle urbaine de Bruxelles et a réussi, à force de patience et de subterfuge, à immortaliser une colonie de femmes-moules flegmatiques, une sirène inversée bondissant dans les canaux de Molenbeek et une petite armée de poissons-mutants sur le qui-vive…”



L’EMOI ou Un gentilhomme des grands chemins.
ANGUILLA ANGUILLA ou Un conte des zones humides.
MUCUS ou Un autre conte des zones humides.
ABSORPTION ou Encore un conte des zones humides.
Série de contes

“Mais que se passe-t-il en zones humides et en zones arides ?
Cruels mais pas trop, faussement naïfs et impitoyablement drôles, ces courts contes nous replongent dans l’univers cru et la tradition orale-mais-écrite des contes traditionnels, pour une réinterprétation moderne de l’amour courtois et des figures féminines mystifiées.”



The best way to cook a cucumber
Vidéo

“Mal considéré dans un monde où règnent les nuisances sonores et snobé dans les plats en raison de sa teneur en eau qui en ferait un aliment de régime, le concombre est un légume qui n’a pas la réputation qu’il mérite. Au-delà des amalgames faciles et des projections androcentrées qui ferait de lui un simple énième symbole phallique, The best way to cook a cucumber (la meilleure façon de cuisiner le concombre) est une invitation ludique à reconsidérer notre rapport avec le discret et silencieux monde végétal. Espèce potagère au potentiel inestimable, ce Cucurbitacée banal révèle ici ses aspects ambigus et inquiétants, lors d’une présentation à la croisée de l’émission culinaire et de la séance de sorcellerie. Premier d’une série visant à questionner notre rapport aux êtres non-humain·e·s et notre hiérarchisation malheureuse du vivant, The best way to cook a cucumber vous poussera à apprécier le charme discret du cucumis sativus. Because no one should underestimate the power of the cucumber.


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Margot Mourrier Sanyas
La Chambre des talismans
Installation poético-sonore

Récidive
Performances

FRONT FIST + Le Cristal du crâne
Texte

Avec Le baiser évanoui, un dessin au fusain de Marie-Pierre Brunel.
Musique : création original Marai aka Anne-Cécile Devellis

“À la fois collection de talismans et gestes d’amour à l’ère du tout GSM, à la fois cabane de sorcièr·e pour rituels vengeurs, à la fois refuge d’adolescence où disparaître pour pleurer en câlinant Bunny Nolan, La Chambre des talismans est un espace ouvert à todix, pensé par Margot Mourrier Sanyas en réponse à la collection MUSOGYNIE.
L’espace s’active et laisse opérer sa magie transféministe - à partir de deux textes signés par Maggie FRONT FIST et Le Cristal du crâne - selon deux modalités ritualisées : par sa voix - qui est du corps - lors de la performance Récidive, répétée plusieurs fois de suite pour une personne différente à chaque fois, sur le modèle du peep show ; par la performance enregistrée et diffusée selon le désir de la personne arpentant ces lieux.
Je ne crois pas que nous puissions actuellement et irrévocablement défricher nos imaginaires des représentations sexistes auxquelles nous avons été exposées depuis notre enfance. Je ne crois pas qu’il suffit de les brûler ou de les accrocher sur un mur pour décaper ces imaginaires et déconstruire ces représentations de la haine et de notre propre haine de nous-mêmes, quand nous comptons parmi les corps repoussés, dégradés et dévalués par la norme dominante et oppressante.
De plus, entretenir un lien avec ce type de représentation a quelque chose de toxique pour moi. Elles m’empoisonnent. Je crois davantage dans le pouvoir de la transformation par la répétition, par la récidive. La récidive d’une action transféministe jugée et comprise alors comme criminelle. Aussi, parce que l’un des motifs inhérents à la haine des femmes et des personnes sexisées, est leur capacité à aimer et prendre soin, je me suis tournéx vers les objets de l’amour et de leur dévalorisation par le régime hétéropatriarcal et mascu, pour l’utiliser dans cette opération/rituel du renversement.”

La performance a eu lieu lors du vernissage à B.R.A.V.E. le 16/03, ainsi que le 24/03.